Qui sommes-nous ?

Tout est parti d'une initiative de l'Association Tié, qui, en 2005, menait une identification des foyers coraniques dans la région des Hauts-Bassins (actuel Guiriko). L'objectif était de mieux comprendre l'origine et la problématique des enfants talibés présents dans les rues de Bobo-Dioulasso. Au fil des rencontres, nous, maîtres coraniques, avons pris conscience que nous faisions face aux mêmes difficultés : manque de moyens, encadrement insuffisant, et absence d'une structure commune pour défendre nos intérêts et améliorer les conditions d'apprentissage des enfants. C'est dans ce contexte, avec l'appui de Tié et de ses partenaires, que nous avons décidé de créer l'Association des Maîtres de Foyers Coraniques. Cette initiative nous a permis de nous regrouper, d'échanger nos expériences et de travailler ensemble pour offrir un meilleur encadrement aux enfants talibés.

Je n'avais jamais connu mon père. Il est parti alors que j'étais encore bébé. Pendant quarante ans, nous avons vécu avec ce vide, sans savoir ce qu'il était devenu, ni même s'il était encore en vie. En 2020, nous avons reçu un appel des services sociaux d'Orodara nous informant qu'un homme identifié comme notre père avait été retrouvé au centre d'accueil de l'Association Tié, à Bobo-Dioulasso. Ce fut un choc, mêlé de joie et d'émotion. Grâce au travail remarquable de Tié et de ses partenaires, le Conseil Danois pour les Réfugiés, le HCR, Save the Children, la Croix-Rouge et les services sociaux, notre père a été pris en charge, soigné et accompagné jusqu'à ce que nous soyons retrouvés. Le jour des retrouvailles restera gravé dans ma mémoire : après quarante ans d'absence, nous avons enfin pu le serrer dans nos bras. Sans l'engagement et la compassion de l'équipe de Tié, cela n'aurait jamais été possible. Aujourd'hui, il vit entouré des siens et bénéficie d'un suivi médical. Nous remercions profondément tous ceux qui ont contribué à rendre ce miracle possible.

Le 22 octobre 2017 restera gravé dans nos mémoires. Ce jour-là, nous avons appris la mort tragique de deux enfants en situation de rue, noyés dans le marigot de Badara, à une trentaine de kilomètres de Orodara. Ils voyageaient avec deux autres enfants venus de Sikasso (Mali), qui ont assisté impuissants à la scène. Dès l'annonce du drame, l'association Tié, en collaboration avec les services sociaux et les forces de sécurité, s'est mobilisée pour assurer la prise en charge psychosociale des enfants rescapés et pour documenter l'incident, il ressort que les victimes auraient sauté dans l'eau sous effet probable de substances qu'ils auraient inhalées (de la colle). Tié a aussi accompagné les autorités locales dans la prise en charge d'urgence et la sensibilisation communautaire autour de la protection des enfants vulnérables. Ce drame a profondément marqué notre équipe. Il nous rappelle chaque jour pourquoi nous devons continuer à agir : pour que plus jamais des enfants ne soient livrés à eux-mêmes, exposés à la rue, à la drogue et à la mort.